Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mes phrases on vît le point d’exclamation des baïonnettes.

Et j’ai posé ma candidature guerrière, moi qui n’ai jamais été soldat, que les galons font rire, et qui m’empêtrerai à chaque pas — j’en ai une peur atroce — dans le fourreau de mon sabre.

Il y a eu entrevue avec quelques gros bonnets du quartier, chez le fabricant Melzezzard qui me croyait une mine de bandit et qui a trouvé que j’avais l’air bon enfant… ce qui a fait grincer des dents un maratiste dont le désir serait que tous ceux qui auront à couper des têtes en eussent une qui fit peur, mais ce qui a rassuré les notables et m’a fait élire à la presque unanimité !


C’est cher, les honneurs ! Il m’a fallu un képi avec quatre filets d’argent : huit francs, pas un sou de moins, et encore pris chez Brunereau, l’ami de Pyat, qui me l’a laissé au prix coûtant.

Je voulais m’en tenir là pour mes frais d’uniforme, mais j’ai des souliers tournés, et je m’aperçois, au bout de deux jours, que le bataillon en souffre dans son amour-propre.

J’ai soumis les talons à un comité qui s’est réuni, a tenu séance en dehors de moi, puis m’a fait solennellement appeler.

— Citoyen, l’on vient de vous voter une partie de bottes à doubles semelles. C’est vous dire, a