Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/231

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Lorsque Blanqui s’est tu, Millière a pris la parole, demandant, au nom des révolutionnaires, que l’on envoyât des commissaires hors Paris « pour représenter le Peuple aux armées. »


— Dites donc, Vingtras, a fait le gros Picard en m’attirant dans une embrasure de fenêtre et en taquinant le bouton de mon habit, vous savez, moi, je ne m’oppose pas du tout, mais pas du tout, à ce que vous filiez au diable avec votre diplôme de plénipotentiaire faubourien. Ça me ferait même un sensible plaisir… Mais les autres, là, regardez-les donc ! Sont-ils assez godiches, mes collègues ! Comment, ils peuvent se débarrasser de vous, et ils ne le font pas ! Je signerais plutôt des pieds, pour mon compte, afin de voir les cramoisis ficher le camp !… Des cramoisis ? des cramoisis ? a-t-il ajouté, en imitant les habitués de bastringue qui appellent : « Un vis-à-vis ? un vis-à-vis ? »

Et de rire !


Puis se penchant à mon oreille, et me mettant le doigt sous le nez :

— Mais vous, malin, vous ne partiriez pas ! Je parie un lapin que vous ne partiriez pas !


Je ne parie pas de lapin… ils sont trop chers par le temps qui court ! Puis je perdrais. Pas plus que lui, je ne comprends ces candidatures soumises au visa du gouvernement.