Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/244

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usé, râpé, qui fut bleu et qui a verdi… mais j’ai mon sabre au ceinturon.


Je le tire au clair. Et sous la pluie qui tombe d’un ciel brouillé et triste, pataugeant dans les mares de boue, je mène une trentaine d’hommes du côté de la rue de Flandre.

Nous faisons pitié avec nos cheveux ruisselants, nos culottes crottées. Mon coupe-chou a déjà des gales de rouille, et mon mac-farlane les ailes aplaties et veules. J’ai l’air d’une poule qui s’échappe d’un baquet.


— Halte-là !… l’éternel « halte-là ! » qui m’attend à toutes les portes, depuis que je suis au monde.

Mais les trempés qui me suivent ont été rangés en bataille derrière le mac-farlane qui se secoue et se raidit.

— Place au Peuple, maître du pouvoir !

La grille s’ouvre, et nous laisse passer.

— Du moment que l’Hôtel-de-Ville est à vous !…


Grand bruit dans la cour bondée de soldats, hérissée de fusils.

— L’écharpe ! l’écharpe !

Deux ou trois officiers se précipitent sur moi, m’étreignent et me ficèlent.

— Au nom de la Révolution, nous vous nommons