Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/262

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pièces qui nous calomnient, les armes qu’on a empoisonnées pour nous tuer.

Rien ! on ne nous montre rien !


La salle est pleine ; le grand jury est au complet. Le bureau vient d’être élu.

J’ai la parole.


J’ai conté tout, depuis A jusqu’à Z : comment un Comité est venu me prendre, le camarade Passedouet en tête — Passedouet que nul ne soupçonne, n’est-ce pas ?…

J’étais en train de manger un ordinaire chez un marchand de vins. On m’a mis l’épée dans les reins. On m’a répété sur tous les tons que moi, l’historien futur des héros de Juin, je devais représenter ces vaincus contre les républicains qui les maudirent, et redresser devant eux le cadavre mutilé de la guerre sociale.

J’ai accepté, mais j’ai dit : « Voyez, je déjeune à trente sous. Je suis pauvre, je n’ai pas un centime à donner pour mon élection. »

« Un homme est venu qui a offert d’aider pour les affiches », m’a répondu le Comité.

« Vous êtes juges », ai-je conclu.


— S’il était payé par l’Empire, pourtant !

Dans quel but ?… Nous ne faisions pas la cam-