Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/298

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alors qu’ils ne pouvaient pas se défendre. Il a toujours été pour les mouchards et les sabreurs, pour l’arrestation et l’écrasement de ceux qui viennent de faire la révolution.


Le Bellevillois s’anime et s’emporte :

— Tenez ! je me rappelle un jour où Magnard écrivit que, pour avoir la tranquillité, il faudrait choisir cinquante ouvriers ou bohèmes parmi les agitateurs, et les envoyer à Cayenne en convoi de galériens… Mais aujourd’hui, si je pensais comme ça, si j’étais un gueux aussi, c’est Villemessant, lui, vous, toute la bande, que je ferais coller à Mazas ! Vous demandiez qu’on empoignât les nôtres, et qu’on assassinât nos journaux. On n’exécute que la moitié de votre programme… et vous réclamez ! Fichez-moi le camp, et plus vite que ça ! d’autres seraient peut-être moins généreux. Filez, c’est prudent !


Le figarotier a disparu. J’ai essayé de défendre ma thèse.

— Toi, Vingtras, motus là-dessus ! Ces fédérés qui t’entendent vont te suspecter, et s’indigner. Le journal qui les a traités de viande à bagne aurait le droit de reparaître pour les injurier de nouveau ! Y penses-tu ?… Mais un sergent et une compagnie, sans nous demander d’ordres et bousculant nos résistances, iraient sauter sur les rédacteurs et les fusilleraient d’autor et d’achar… Aimes-tu mieux ça ?