Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/303

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était vide, et je m’y suis assis — et j’y suis encore !… Eh ! là-bas, l’homme à la chaîne, ça vous contrarierait-il d’aller nous chercher de la charcuterie : un pied pour moi et de la hure pour Theulière ?… Nous mangerons ici. Allons, Vingtras, vous allez bouffer avec nous ; mettez votre part !

Il a tendu un képi pour faire la quête du déjeuner.

— C’est que nous avons épuisé les quatre sous donnés par le Comité : cinq francs par tête. Maintenant, faut y aller de sa monnaie.


On a boulotté dans le cabinet du ministre, et là, comme on était cinq ou six, et qu’on avait arrosé le cochon, on a discuté chaudement les événements.

Réussira-t-on ? Ne réussira-t-on pas ?

— Et qu’importe ! a grogné Rouiller. On est en révolution, on y reste… jusqu’à ce que ça change ! Il s’agit seulement d’avoir le temps de montrer ce qu’on voulait, si on ne peut pas faire ce qu’on veut !


Puis se tournant vers moi, presque grave :

— Vous croyez peut-être que nous n’avons fait que caramboler et que soiffer depuis que nous sommes ici ? Non, mon cher ! nous avons essayé de bâcler un programme. Voilà de quoi j’ai accouché… Tenez !