Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/328

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Mais ce serait déserter quand l’ennemi approche !…

Dans la matinée, des femmes trop en guenilles, des individus à mine louche, ont été surpris par les éclaireurs. Ils se réclament de la misère pour expliquer leur rôderie nocturne, et comme l’un d’eux a dit qu’il allait arracher de quoi manger dans un champ, j’ai, au nom de mes faims d’autrefois, empêché qu’on le fusillât. Les mains sont bien blanches, pourtant… le langage bien pur !


Voilà que le sommeil arrive… Je jette un dernier regard, lourd et morne, sur ce rez-de-chaussée mal éclairé, où nous sommes cinq ou six affalés sur le carreau, s’arrêtant de ronfler quand un obus est tombé tout près, mais ne se dérangeant pas pour si peu.


Lundi. Aux armes !

— Debout !

C’est Lisbonne qui nous secoue.

— Il y a du nouveau ?

— Presque rien… Un régiment de ligne est là ! Tiens, d’ici, tu peux voir les pantalons rouges !


Un peu de fièvre — d’avoir dormi ! Un frisson dans le dos — c’est le frais du matin ! Un flot de mélancolie au cœur — c’est la vue du ciel blêmissant !

Où est mon écharpe ?…