Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/331

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de chambrée ! Ils ont de la famille, ces irréguliers, mauvais hommes de camp et de bivouac !


Puis ils ont peur de notre ignorance, ils ne croient pas que ces deux gouvernants, un mécanicien et un journaliste, même ce colonel — qui fut comédien — soient de force à commander contre des officiers pour de bon, sortant de Saint-Cyr, venus d’Algérie, aguerris, bronzés, disciplinés, matés !


Nous sommes débordés : on nous pousse jusque sous un hangar, où l’on délibère à mots hachés, avec des gestes furieux.

— Où sont les ordres ? quel est le plan ?…

On crie cela tout haut, comme je me le disais tout bas, l’oreille à terre, attendant le cheval de La Cécilia.

— Vous ferez mieux de filer, dit Lisbonne ; ils sont capables de vous fiche au mur ! Moi, ils me connaissent, m’aiment un peu, je vais tâcher de les retenir !


— Une voiture !

— Voici, patron.

— Vous n’avez pas peur sur votre siège, l’ami ?

— Peur !… je suis de Belleville ! Et je vous connais bien, allez. Hue ! Cocotte !

Les balles sifflent, Cocotte secoue l’échine, le cocher se penche et bavarde.

— Ils n’entreront pas, citoyen… si chacun défend bien son quartier.