Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/343

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Vavin et du boulevard Arago — qui sont apportés aux ambulances.

J’ai dormi dans je ne sais quel endroit de la mairie ; voisin d’un mort, cette nuit comme l’autre.

Le boulanger est là, derrière ces planches, et des brins de paille humide ont été roulés, par une rigole d’eau, jusqu’à mes pieds.


On m’a réveillé au petit jour, et j’ai pris le chemin des barricades.

Mais, en route, commandants et capitaines m’arrêtent, me saisissent les mains, les basques, demandant des munitions, du pain, un conseil… quelques-uns un discours.

Il en est qui menacent :

— Avec ça que la Commune a le droit d’élever la voix !


Ah ! je m’y perds ! Et personne n’est avec moi pour me renseigner et me soutenir, pour partager le fardeau ! Des membres de la Commune qu’a élus le quartier, je n’ai encore vu que Régère, assailli, débordé, noyé à la municipalité — et Jourde, qui est apparu un moment, mais qui a bien d’autres responsabilités sur les épaules.

C’est lui qui tient les derniers écus qui vont alimenter l’insurrection, payer les vivres que les plus résolus réclament si haut. Il a, en plus, son ministère qui brûle, grâce aux obus de Versailles.

Et je suis seul.