Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/347

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du quartier, et devant qui l’on s’est tu, dès qu’il est entré.

J’ai ma liberté !


Pas encore. Un officier qui campe au Ve me cherche partout. Dès qu’il m’aperçoit :

— Vingtras, voulez-vous remonter tout de suite là-haut ? On parle de faire sauter le Panthéon.

Je remonte.


Une douzaine d’obus éclatent autour de la fontaine Saint-Sulpice, et lancent jusque sous nos semelles leurs éclats qui puent.

Un profil de prêtre derrière un rideau ! Si les fédérés qui sont avec moi l’aperçoivent, il est mort !

Non ! ils ne l’ont pas vu !… Passons vite.


Elle est vide et lugubre, cette rue, pleine seulement des tessons de fonte qui courent, devant et derrière nous, comme des rats rentrant dans l’égout.

Les maisons sont closes. On dirait de grands visages d’aveugles, toutes ces façades sans regards.


Dans une encoignure, un aveugle pour tout de bon, son caniche aux pieds, dit lamentablement :

— La charité, s’il vous plaît !

Je le connais depuis trente ans. Il est venu là avec des cheveux noirs ; il a maintenant des cheveux