Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/353

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grâce pour leurs quatre meubles, quand c’est pour les pauvres qu’on se bat, quand des centaines d’artilleurs ont eu, non pas leur chemise, mais leur poitrail roussi par le feu du canon, du canon ennemi !… Eh ! sacrebleu ! moi qui parle, j’étais riche avant d’entrer dans la politique sociale — il y a dix ans ! Est-ce que je n’ai pas jeté tout ça dans la fournaise ?… Et aujourd’hui, parce qu’un peu de bois et quelques briques sont atteints par la stratégie des désespérés, ceux pour qui l’on s’est ruinés et pour qui l’on va mourir vont-ils nous jeter leur paquet de frusques à travers les jambes ?

Il a eu comme un rire de fou !


— Ah ! je comprends la fureur des bourgeois, a-t-il repris en se tournant du côté d’où partait la canonnade régulière ! Dans l’éclair de la torche, ils viennent de voir reluire l’arme invincible, l’outil qu’on ne peut casser, et que les révoltés se passeront de main en main, désormais, sur le chemin des guerres civiles… Qu’est-ce que ceci, auprès de cela ? a-t-il conclu en repoussant son fusil, et en nous montrant une fumée sanglante qui coiffait tout un quartier du bonnet rouge.


— Vous disiez donc, lieutenant, qu’il s’agit de brûler un morceau de la rue Vavin ?

— Oui, deux maisons dont le génie de Versailles a percé les murs, et par où les lignards nous tombe-