Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/356

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mandants sages et un noyau de fédérés plus rassis, pour empêcher ces cerveaux brûlés de se jeter sur le Panthéon comme sur un réac. On lui mettait déjà la ficelle aux pattes, soufrée de salpêtre et baignée de pétrole.

— Mais, en croyant terrifier les ruraux, vous allez terrifier les nôtres ! C’est alors que les commères vous traiteront de brigands, et que les autres quartiers reculeront jusqu’aux Prussiens… peut-être bien jusqu’à Versailles !

Il a fallu leur rabâcher ça, les prendre par le bouton de leur tunique, les chapitrer une heure !


Il a fallu aussi trouver des raisons contre un petit vieux qui s’était gratté le crâne avec persistance pendant la discussion, et qui a fini par dire, d’une voix très douce :

— En vérité, citoyens, il me semble qu’il vaudrait mieux, pour l’honneur de la Commune, ne pas nous retirer pendant l’explosion… Ça n’est une bonne affaire que si nous restons là, et si nous sautons en même temps que les soldats. Je ne suis pas orateur, citoyens, mais j’ai ma petite jugeote… Pardon de ma timidité… je n’ai jamais parlé en public. Mais pour la première fois que je l’ose, je crois que je fais une excellente proposition. Seulement, pressons-nous ; si nous bavardons longtemps encore, nous ne sauterons jamais ! Jamais ! a-t-il conclu avec un énorme soupir.