Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/363

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La prise de Montmartre a exaspéré les plus sages, et semé le vent du soupçon.

Montmartre, qui devait être armé pour la lutte jusqu’aux dents, Montmartre, que ne laissait pas approcher l’état-major du quartier, sorti on ne sait d’où, Montmartre, dont le Délégué à la Guerre éloignait lui-même les pékins, Montmartre a été livré, vendu ! — les munitions n’étaient pas de calibre, les pièces ne tenaient pas sur leurs jambes, des mots d’ordre menteurs avaient été donnés… le drapeau tricolore flotte sur la butte !


Cette trahison a décapité la défense. Elle a aussi culbuté dans la mort tous ceux sur qui, depuis deux jours, s’est abattue la poigne d’un fédéré ou contre qui s’est levé le pouce d’une femme — dans ce cirque ourlé de sang d’où le César nabot est parti et où il veut rentrer.

Il n’a pas ménagé le boursicot de la République pour avoir raison des républicains : il faut bien qu’il ait présenté le mulet chargé d’or pour que certaines issues aient été ouvertes, pour que le Mont sacré qui avait vomi Vinoy et gardé deux généraux ait été violé si vite par les soldats !


Des suspects ont déjà passé devant nous, roulés par la foule ; nous avons plongé dans le flot, mais sans pouvoir repêcher l’individu !

L’un a été crâne. Il avait fait feu d’une fenêtre ;