Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/376

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— Eh ! dites donc, sacré poseur, c’est trop commode de faire son Baudin là-haut, les bras croisés, pendant que nous sommes à quatre pattes à chiquer de la vase !

Ils sont en effet, depuis une heure, le ventre dans la boue, le nez crotté, les habits gras de fange, tirant à travers les meurtrières à ras du sol et faisant un mal cruel à l’ennemi.


Le membre de la Commune est debout, adossé à l’encoignure de la barricade. Son front dépasse même les pierres, et les balles le cerclent d’une auréole qui commence à se rétrécir. Les masseurs ne sont pas contents : il prend sa part du péril, oui, mais il faut qu’il masse aussi, qu’il avale du sable, se barbouille le mufle, se fiche par terre comme les copains !

— Poseur, va !


Bah ! Ils m’embêtent, à la fin ! Puisqu’ils ne m’écoutent plus, je reprends ma liberté et choisis mon terrain.

Jadis, quand j’étais commandant du 191e, je sauvais mes airs de garde champêtre et mon incapacité militaire en jurant qu’au moment suprême je serais là avec le bataillon ou ce qui en resterait.

J’y vais.


Il n’en reste pas lourd du bataillon, mais ce reste-là est content de me revoir.