Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/50

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avec les fièvres de la faim et les frissons du papier-douleur. Il est impossible que je ne trouve pas quelque chose de poignant à dire, en parlant de ces héros qui sont mes frères d’ambition et d’angoisse !


Le jour de la représentation est venu — le Maître et le singe ont leurs noms accolés sur le programme.

Il y aura du monde. Les vieilles barbes de 48 seront là pour se retrousser contre Bonaparte, chaque fois qu’un hémistiche prêtera à une allusion républicaine. Il y aura aussi toute la jeune opposition : des journalistes, des avocats, des bas-bleus qui, de leur jarretière, étrangleraient l’empereur s’il tombait sous leurs griffes roses, et qui ont mis leur chapeau des dimanches en bataille.

Mais, de loin, je vois qu’on se pousse devant la porte du Grand-Orient, autour d’un homme qui colle sur l’affiche une bande fraîche.

Que se passe-t-il ?


On a interdit la lecture du drame d’Hugo, et les organisateurs annoncent que l’on remplacera Hernani par le Cid.

Beaucoup s’en vont, après avoir dédaigneusement épelé mes quatre syllabes… qui ne leur disent rien.

— Jacques Vingtras ?

— Connais pas.

Personne ne connaît, sauf quelques gens de presse, ceux de notre café qui, venus exprès, restent