Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/60

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— Qu’il vienne dimanche.


J’y suis allé.

Il m’a fait attendre deux heures et m’aurait oublié, dans la bibliothèque vide où tombait le crépuscule, si je n’avais ouvert la porte, grimpé l’escalier, forcé la consigne, et pénétré dans le cabinet où il fouaillait de reproches trois ou quatre individus qui baissaient la tête et se rejetaient les torts, comme des écoliers qui ont peur du maître.

Il s’est à peine excusé, a continué de traiter en laquais les gens qui étaient là — dont un ou deux avaient les cheveux blancs — et m’a expédié, à mon tour, par une phrase brève :

— Tous les matins, à sept heures, je suis visible ; demain, si vous voulez.

Il m’a salué ; et voilà !


Je ne m’attendais pas à la sécheresse de cet accueil. Je ne croyais pas surtout assister à cette scène de la rédaction brutalisée comme de la valetaille.


6 heures du matin.

Il me faut trois quarts d’heure pour arriver jusqu’à la grille de l’hôtel ; je traverse la cour, gravis le perron, pousse la grande porte vitrée, et me trouve aussi embarrassé que si j’étais dans la rue.