Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/78

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Je suis sorti pour rien de mon taudis — le temps seulement de gagner la haine de mes confrères qu’a glacé ma pâleur de Cassius. C’est un élan de perdu !


Mais voici qu’il y a du bruit dans le Landerneau politique ; Olivier s’agite et Girardin le défend. Une lueur a passé dans le lorgnon planté sur le nez du masque pâle, qui a levé sa main grise, et menacé l’aréopage d’hommes d’État qui entoure l’Empereur.

On a tué son journal.

Oh ! ses ongles ressortent, ses nerfs se raidissent, il se retrouve sur ses pattes ! Et il se démène et rugit dans le sac où l’on veut le coudre, — le vieux chat !


Son journal est mort, mais il a trouvé un homme en peine, qui lui a vendu le sien, prêté sa maison, et il va s’installer là, donnant rendez-vous à tous ceux qui désirent mordre.

Il s’est rappelé mes crocs. Je reçois un mot de lui : « Venez. »

Je le trouve en veston bleu, une rose à la boutonnière ; il arrive à moi, la main tendue et le sourire aux lèvres :

— Boule-dogue, on va vous déchaîner ! Vous ferez la chronique le dimanche… Et qu’on vous entende aboyer, n’est-ce pas ?

Ses babines se retroussent et il miaule en croisant ses griffes !


J’ai donné un coup de gueule, et ça n’a pas traîné !