Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/94

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Il est le scepticisme incarné ; c’est un tireur pour la joie de tirer et de toucher, qui fait rouge de son épée et blanc de ses convictions.

Ce petit homme sans menton, sans lèvres, à tête de belette et aussi de linotte, est une des caboches les plus fortes de son temps, le Machiavel de son époque… un Machiavel chafouin, blagueur, fouilleur, viveur, puisqu’il vient après Tortillard, Jean Hiroux, Calchas et Giboyer.

Il n’écrit plus le Prince — pas de danger ! — il est en train d’écrire le Tribun.


Il a rencontré au Palais un gars du Midi, à la tignasse noire, au timbre ronflant, jouant les débraillés, et borgne ; ce qui en fait un être à part, lui donne une marque de fabrique, un signe qui le fera reconnaître. S’il eût eu ses deux yeux, l’autre ne l’aurait pas pris ; un homme comme tout le monde, sans une taie, une bosse, un tire-l’œil, n’aurait pas fait son affaire.

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Laurier n’hésite pas, et étend la main sur le phénomène. C’est le bélier qu’il dressera pour faire, à coups de corne, les trous par où se glisseront ses envies de millions et ses fièvres de curiosité.

Il pourrait ronger avec ses quenottes et passer — il préfère qu’un autre enfonce.

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