Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/105

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très enrouée où perçait beaucoup de mauvaise humeur.


Peu à peu cependant le jour se fait, — les renseignements arrivent. On accourt pour avoir de mes nouvelles, pour savoir si je suis arrêté.

« Ah ! vous avez eu bon nez ! Vous nous l’aviez bien dit ! »

Je triomphe, — triomphe douloureux en face des torchons ensanglantés qui représentent Championnet, douloureux encore à cause de l’arrestation de Matoussaint.

« A-t-il été blessé ?

— Non ! Ils se sont mis à cinq pour le prendre ! »

Ce n’est pas seulement Matoussaint qui est arrêté, ils sont une dizaine des nôtres.


« Frères, aux charcuteries ! »


J’ai toujours vu que, quand quelqu’un était arrêté, on lui envoyait du saucisson.

Mais je trouve dans un étudiant à lunettes qui suit les cours de chimie un adversaire inattendu.

« Du saucisson ! dit-il, toujours du saucisson !… N’est-il donc pas temps de songer aux rafraîchissements, citoyens ?… »

Il convoque les amis et propose qu’un comité spécialement élu s’occupe, non pas seulement de recueillir les secours en nature, mais de leur donner une direction intelligente.