Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/313

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Il ne faut pas non plus les faire trop attendre !

J’entre dans le bureau.

Le bureau est un petit trou noir à côté de l’endroit où l’on met les rossignols.

Je demande le rédacteur en chef, l’homme aux sabots et au passe-montagne.

« M. Dunan-Mousseux ?

— Il n’y est pas, me dit un homme, mais il m’a prié de vous remettre le prix de votre article. »

Il me tend un paquet ficelé.

En billets de banque ? — Mais c’est trop ! c’est vraiment trop, un gros paquet comme ça pour un article de deux colonnes. — Enfin !

« Mais, j’oubliais, M. Dunan-Mousseux a laissé une lettre pour vous ! »

Voyons la lettre :


Cher monsieur,

Le secrétaire de la rédaction vous remettra le montant de votre article. Ci-joint un pet-en-l’air. J’aurais voulu faire mieux ; nos moyens ne nous le permettent pas. Il a même été question de ne vous donner qu’un petit gilet. J’ai eu toutes les peines du monde à obtenir le pet-en-l’air. Mais travaillez, monsieur, travaillez ! et nul doute que vous ne vous éleviez avant peu jusqu’au pardessus d’été et même au paletot d’hiver.

En vous souhaitant sous peu un joli complet.

Dunan-Mousseux.