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Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/274

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phyte équivalaient au moins à une année d’enseignement catéchismal : n’avait-elle pas déjà reçu le baptême de sang de la lutte, ainsi que le baptême du désir, qui, dans les cas extrêmes, prétend-on, suffit seul pour effacer la tache du péché originel et ouvrir aux croyants les portes du ciel, que cette malheureuse tache, l’eût-on lavée et poncée avec maintes bonnes actions, ferme impitoyablement ?

La veille du jour fixé pour la cérémonie de son abjuration et de son baptême, la pauvre Lia eut une crise, pendant laquelle elle faillit mourir : elle revint à elle par un véritable miracle, prétendit-on, et, pour soutenir son zèle, on lui persuada — les malades croient tout alors — qu’aussitôt que l’eau sainte aurait ruisselé sur son front, une rénovation physique et morale se ferait en elle ; que soudain elle retrouverait force et fraîcheur, et que si la santé ne lui revenait pas, comme on avait tout lieu de le croire, c’est qu’elle était mûre pour le ciel ; c’est que Dieu voulait la compter au nombre de ses élus, et dans la céleste demeure elle serait plongée dans des joies ineffables, auprès desquelles tous les fades plaisirs de la terre ne sont rien.

Ce qui a été la grande force du catholicisme, et le rendra longtemps encore tout-puissant sur les masses, c’est qu’il n’a fait qu’un tout du besoin de savoir et du besoin de jouir ; c’est qu’il a fait rêver la volupté en plaçant au delà de la mort, et les idéalisant, — trop