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Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/285

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vait des souvenirs dans lesquels, à la tombée du jour, elle s’enfermait comme dans un oratoire, et là, dans un rayon de novembre, le dernier rayon de son cœur, se dessinait la silhouette d’un rêve ; c’était bien peu…, c’était encore quelque chose. Mais elle fut proclamée en tous lieux comme une parente modèle ; elle ne déshérita point ses nièces, qui se marièrent à des jeunes gens du pays ayant de bons principes, une position solide et des espérances, un esprit obtus, un caractère incolore ; bref, possédant toutes les qualités requises pour faire d’excellents maris.

Dans tout autre siècle que le siècle d’impiété où nous vivons, nul doute que Lia la juive n’eût été canonisée, nul doute que ses ossements, enchâssés dans l’or, n’eussent opéré des miracles et guéri des milliers d’infirmités ; peut-être même qu’elle aurait été notée au légendaire comme une sainte spécialiste ; mais à notre temps d’incrédulité, de dissolution même, il en est beaucoup qui se demandent si cette conversion avait toutes les qualités requises pour être parfaite, même valable ? si cette âme de pécheresse plus encore que de pénitente alla tout droit en paradis, sans passer par les brumeuses grèves du purgatoire ? Quelques-uns doutent, beaucoup sourient en haussant les épaules ; mais, dans l’esprit de tous les témoins de cette mort édifiante, la croyance catholique prévalut :