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114 LES CAHIERS

LE SOIR


Rien n’est beau comme l’heure où la brise embaumée
Révèle les parfums endormis dans les fleurs.
Où la rose, baissant sa tête parfumée,
Dans le ruisseau qui fuit voit pâlir ses couleurs.
Lorsque du vert buisson la musique sommeille,
Lorsqu’un silence ému succède au bruit du jour,
Oh ! n’est-ce pas alors que Dieu parle et qu’il veille,
Et n’est-ce pas sa voix qui chante : « amour ! amour !


A cette heure mélancolique,
Et tendre et profonde à la fois,
Où le coeur chante une musique
Plus triste que celle des bois,
Souvent on sent flotter son âme
Dans l’avenir et le présent,
Comme on voit une jeune flamme
Vaciller au souffle du vent ;
L’âme, en se recueillant dans l’ombre,
S’élève dans l’amour divin,
Et la tristesse la plus sombre
S’allège en chantant l’hymne saint.
A cette heure tendre et mystique
Où la terre écoute les cieux,
On n’entend que le bruit magique,
Des rameaux s’agitant entre eux ;
C’est une voix triste et rêveuse
Qui berce et calme notre coeur,
C’est comme une douleur pieuse
Qui pénètre votre douleur.