Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/89

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les esclaves.

Tes veilleurs sont plongés dans un sommeil profond.
Sous leurs chevets, ce soir, une main invisible
A dérobé la clé de ta force invincible.
Ce sont des juifs peut-être, ou, qui sait ? des chrétiens.

un barbare.

La clé de ta puissance, ô Rome, je la tiens,
Car c’est, regarde ici, la pointe de mon glaive.
Ton étoile décline et la mienne se lève.
Descends ton escalier de porphyre vermeil,
Et laisse tes veilleurs dormir leur lourd sommeil.
Mais hâte-toi d’ouvrir, car je suis las d’attendre.
Et je suis Alaric, puisque tu dois l’entendre.
Comme autrefois Brennus, Rome, tu t’en souviens,
Je suis un messager du destin, et je viens,
Quand tu te fais exprès complice des révoltes
Pour mieux ravir au champ des peuples ses récoltes,
Ô Rome, je viens voir ce qu’il te reste encor
Des rapines du monde au fond de ton trésor.
Nous en ferons deux parts, à moi l’une, à toi l’autre ;
Sinon, je prends le tout ; car ce droit est le nôtre.
Mais je suis généreux, tel que tu me vois là.
Et j’en veux seulement la moitié.