Page:Van de Wiele - Miseres.djvu/18

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prunt, l’aspect revêche et furtif de quelqu’un qui n’a rien à soi, pas même sa propre existence. Cependant, on eût pu le croire pénétré de la philanthropie magnanime des gens qui l’exploitaient, car, un jour que Looze, de méchante humeur, lui jetait sa misère au visage, affirmant qu’il le ruinait, Juste Herbos courba la tête en balbutiant des mots d’excuse.

Et il laissa passer l’orage, vaincu et meurtri, sentant bien, au fond, que Looze mentait ; il n’eut aucune velléité de s’enfuir l’habitude le tenait, le joug ne le blessait point. Il avait conscience d’être l’esclave, la chose de ce parent qui le nourrissait et dont il usait les vêtements.

Il resta, se faisant de plus en plus petit, de plus en plus infime, pesant ses actions, ses mots, ses gestes ; toujours anxieux de deviner s’il devait se taire ou parler, se lever ou s’asseoir. Il en arriva à se dissimuler dans les coins, comme un pauvre chien battu et toléré, qui craint de déplaire à ses maîtres et qui n’ignore point que sa place est à la niche.