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Marguerite VANDE WIELE



Misère Intellectuelle



À mon ami Félix Frenay.

I



Le cabinet de travail est vaste, haut de plafond, paisible et solennel comme un temple ; il y règne une température très douce, et les rayons d’un limpide soleil, en passant par la fenêtre vénitienne large et garnie de tentures d’Orient, le baignent d’une lumière égale, d’une de ces lumières d’automne qui caressent plutôt qu’elles ne réchauffent, qui ont un éclat discret et pénétrant, avec une sorte de langueur et cette mélancolie légère qui fait penser à un deuil aimablement résigné : le deuil du printemps mort, des beaux jours qui vont fuir pour laisser la place à l’hiver morne et noir.

Il y a de jolis tableaux modernes à cadres d’or, tout au long des murailles ; une figurine de nymphe, en cire, d’une couleur et d’une transparence d’ambre pâle, occupe le centre de la cheminée, entre deux potiches de majolique ancienne ventrues et polychromes ; des fragments moulés de la frise du Parthénon surmontent les portes, mettant, sur les trumeaux, l’entrain de leurs chevauchées aériennes, la majesté de leurs belles lignes à la fois sévères et vivantes ; le plancher disparaît sous une profusion de nattes japonaises, de carpettes hindoues,