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Malheureusement, les ravages causés par la variole n’avaient pas encore pris fin, que se posait le problème, plus redoutable encore, de la maladie du sommeil.

Parti du Bas Congo, ce terrible fléau, qui sévit également dans le Congo français, dans l’Afrique orientale allemande, dans l’Uganda, où, d’après un chiffre cité à la Chambre des Communes[1], la population a décru de 6.000.000 à 2.500.000, menace de s’étendre bientôt au Congo belge tout entier.

En 1905, déjà, le Bulletin officiel de l’État constatait « qu’une fois que ce mal a pris pied dans une population, il la détruit sans merci, quelles que soient les conditions de bien-être, de paix et de tranquillité[2]. Toutes les causes secondaires de dépopulation disparaissent en présence des ravages exercés durant ces dernières années par la variole et la maladie du sommeil. Celle-ci a suivi, dans sa marche dévastatrice, les rives du grand fleuve et commence à pénétrer dans l’intérieur des terres ».

Depuis 1905, le mal s’est aggravé encore, au moins dans les régions nouvellement infectées. L’envahissement a continué dans toutes les parties du territoire, et il entraîne de telles conséquences, que si la science médicale ne parvenait pas à prendre le dessus, la colonisation du Congo serait compromise, par défaut de population.

Or, on doit se demander si les mesures qui ont été prises sont efficaces et suffisantes, et, d’une manière générale, si l’organisation médicale, hospitalière et hygiénique créée par le gouvernement congolais, est à même de faire face aux nécessités de la lutte contre la maladie du sommeil et contre les autres maladies qui menacent ou atteignent les noirs et les blancs.

S’il fallait en croire les apologistes de feu l’État Indépendant, le Congo serait, au point de vue sanitaire, une colonie modèle.

  1. Séance du 8 mars 1906.
  2. Cette dernière assertion parait controuvée : dans la Province orientale, par exemple, où la maladie fait de grands ravages, les travailleurs du chemin de fer, bien nourris, sont à peu près indemnes.