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à qui a la compétence, organiser le service sanitaire en lui accordant, comme on le fait ailleurs, les pouvoirs nécessaires pour agir dans l’intérêt de la santé publique.

Ajoutons, au surplus, que tout ce que l’on fera dans ce sens sera peu de chose, si l’on ne parvient pas, en même temps, à améliorer les conditions de vie des indigènes, et, par conséquent, leur résistance à la maladie et à la mort, par des mesures d’ordre économique et social.


§ 3. — Le développement économique.


La suppression du travail forcé, au Congo, est désormais certaine. Si les réformes, comme nous devons le croire, sont loyalement et effectivement réalisées, le régime de la liberté commerciale sera établi, dans tout le domaine non concédé de l’État, à partir du 1er juillet 1912. Une ère nouvelle s’ouvrira pour les anciens sujets de Léopold II, et, plus que jamais se posera la question de savoir par quels moyens, à défaut de coercition, on encouragera les indigènes à travailler et à mettre en valeur le sol qu’ils occupent.

Certes, nous l’avons vu, il ne sera pas impossible de recruter parmi eux un plus grand nombre de travailleurs salariés, pourvu qu’on leur offre une rémunération suffisante.

Mais les socialistes que nous sommes ne sauraient avoir pour idéal la généralisation du salariat, la création d’un prolétariat noir, au service du capitalisme européen.

D’autre part, à ne se placer qu’au point de vue de la production, il n’est pas contestable qu’en général, la main-d’œuvre salariée que fournissent les populations indigènes ne soit, à la fois, coûteuse, médiocre, irrégulière et assez peu disposée, en somme, à s’éreinter pour le compte des blancs.

Pour eux-mèmes, dans leur ménage, pour leur propre compte, disait Raetgen, directeur de l’Institut colonial de Hambourg, dans une conférence remarquable qu’il fit à Bruxelles en 1909[1], —

  1. Raetgen. Les nègres et la civilisation européenne, p. 8. Publ. de l’Institut Solvay, 1909.