Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/252

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laquelle on a tant bluffé, est à ce point inutilisable qu’on va la remplacer par un Decauville ; enfin, le fait qu’en 1910, dans son discours d’inauguration du musée colonial de Tervueren, le roi Albert ait exprimé le souhait que la Belgique ait, au Congo, une politique de chemins de fer, établit à suffisance que jusqu’ici cette politique a fait défaut.

Il faut espérer que les paroles royales seront suivies par des actes, aussi bien dans l’intérêt de l’essor économique du Congo que dans l’intérêt des indigènes.

Aussi longtemps, en effet, que, par suite de l’absence de chemins de fer et de l’impossibilité d’avoir recours à des bêtes de trait, dans les régions infestées par le tsetsé, il n’y a d’autres ressources que le transport des produits et des marchandises d’Europe à dos d’homme, l’expansion du commerce se trouve contenue dans d’étroites limites, et, trop souvent, le portage épuise les populations et transforme le pays en désert.

C’est ce qui faisait dire, très justement, au gouverneur de l’Afrique occidentale française, M. Roume, insistant pour que l’on construise, coûte que côte, des voies ferrées reliant l’hinterland à la côte :

« Une route d’étapes par terre fait le vide autour d’elle ; une ligne de chemin de fer ramène la population et, avec elle, une féconde et joyeuse activité. »

Il n’y a peut-être pas d’exemple plus frappant de cette vérité, que l’histoire de la région des Cataractes du Congo belge.

Avant la construction du chemin de fer, les habitants de cette région, obligés de porter sur leurs épaules, de Matadi à Tumba, et de Tumba au Stanley Pool, tout le matériel de la civilisation, depuis les vivres d’Europe, le ravitaillement des expéditions, les marchandises de paiement, jusqu’aux pièces d’assemblage des steamers du haut fleuve, étaient épuisés, décimés, découragés : la population diminuait, à la fois, par la mort et par l’exode vers des régions plus épargnées.