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plus les établissements européens se multiplient, plus s’étend cette éducation, qui se fait pour ainsi dire d’elle-même[1].

Néanmoins, cet enseignement professionnel empirique ne saurait suffire. L’intervention de l’État s’impose, pour créer, par exemple, comme dans l’Afrique occidentale française de la Nigeria, des écoles pratiques de caoutchouc[2] où l’on enseigne les meilleures méthodes d’incision et de coagulation du latex, pour apprendre aux indigènes à faire de nouvelles cultures, telles que le cacao ou le coton, pour former des maçons, des charpentiers ou des mécaniciens ; et, naturellement, à la base de cet enseignement professionnel, doit se trouver une organisation sérieuse de l’enseignement primaire.

Mais, il faut le dire, ce n’est pas seulement au Congo belge, qu’en matière d’enseignement indigène, on en est encore à la période des tâtonnements. Presque partout, les écoles, instituées avant tout dans un but de prosélytisme, sont aux mains des missions, et à peine trouvons-nous, dans les colonies anglaises, allemandes et surtout françaises, quelques exemples intéressants d’écoles fondées par le gouvernement colonial, en dehors de toutes préoccupations confessionnelles et religieuses.

Dans la Colonie et Protectorat de Sierra-Leone, par exemple, à côté de Fourah Bay College, dirigé par la Church Missionnary Mission, et qui est la seule institution de l’Afrique occidentale où l’on puisse recevoir une éducation universitaire, l’administrateur de la colonie. M. Probyn, a créé récemment pour les fils ou les parents de chefs, une école, By School, qui a été ouverte en 1906, avec dix-huit élèves et en compte, aujourd’hui, cent deux, appartenant à toutes les grandes tribus du protectorat.

Le but de l’école est de préparer les prochaines générations de chefs indigènes, « non pas en suivant un système étranger

  1. Ibid. p. 472.
  2. Yves Henry. Le caoutchouc dans l’Afrique occidentale française, pp. 204 et suiv.