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condamnations à mort prononcées par Rossel, un ancien officier polytechnicien, mais la Commune se refusa à en laisser exécuter un seul.


TÉMOIGNAGE D’ADVERSAIRE

Drumont, le clérical directeur de la Libre Parole, comparant la révolution de 93 à la Commune, dit que, quand l’élément ouvrier se mêle aux révolutions, elles deviennent moins sanglantes. Et, parlant de la Commune, il écrit :

« Ce fut l’élément bourgeois qui fut surtout féroce, l’élément peuple, au milieu de cette crise effroyable, resta humain.

« Ajoutons que la plupart des ouvriers, qui ont figuré au premier rang dans la Commune, sont très noblement, très dignement retournés à l’atelier. Parmi les hommes qui avaient eu Paris dans les mains, beaucoup ont repris l’outil sans bruit, simplement. »


LA RÉPRESSION

Quand les Versaillais entrèrent dans Paris, ils s’y livrèrent à une véritable boucherie, au plus épouvantable massacre du xixe siècle. Trente ou quarante mille hommes furent fusillés, disent les historiens de la Commune ; Mac Mahon en avoue 15 000, le général Appert déclare qu’il y en avait beaucoup plus. Les cimetières furent insuffisants, on empila les cadavres dans les terrains vagues, on les jeta dans le fleuve, on les entassa dans les carrières abandonnées.

L’armée fit 40,000 prisonniers ; on en déporta 28,000. Dans certains corps de métier, la proportion du tribut payé à la répression fut terrible. On l’évalue à 25 p. c. des ébénistes, à 30 p. c. des tailleurs, à 40 p. c. des cordonniers.

Les métiers plus misérables furent ceux qui souffrirent le plus, parce que chez eux surtout la résistance fut opiniâtre.

D’un côté donc, nous avons 60 otages massacrés malgré la Commune et, de l’autre, 30,000 hommes, femmes et enfants fusillés sans jugement. Et ce sont les massacreurs qui nous traitent de criminels !