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D’un côté donc Paris républicain, de l’autre la France monarchiste. Paris avait des fusils et des canons pour défendre la République. Versailles en avait pour la détruire. Notez aussi que plus de 100,000 bourgeois avaient quitté la ville après le siège ; il n’y avait plus à Paris que la population ouvrière et de petits bourgeois, ayant devant eux le spectre de la faim, du propriétaire réclamant le terme ou du créancier impitoyable.

C’est dans ces conditions que l’Assemblée Nationale décréta qu’il fallait sans termes, ni délais, payer les loyers arriérés et les créances exigibles. Du 13 au 17 mars, 150,000 protêts furent enregistrés à Paris.

C’est ainsi que deux classes se trouvèrent en présence, comme si d’un coup de baguette magique s’était opérée la concentration capitaliste : D’un côté, les conservateurs capitalistes ; de l’autre, les petits bourgeois ruinés, décimés, confondus avec les crève de faim du prolétariat.


UN COMPLOT RÉACTIONNAIRE

Alors, tandis qu’un véritable complot monarchiste se tramait à Versailles, tandis que la foule des républicains, sur la place de la Bastille, jurait de défendre la République, l’Assemblée Nationale décida de désarmer le peuple de Paris en enlevant les armes et les canons de la Garde nationale, et de supprimer la solde qui permettait à des milliers de citoyens de ne pas mourir de faim.

On leur enlevait, à la fois, les quelques sous qui faisaient vivre leur famille et les armes qui devaient leur servir à défendre les institutions républicaines.


LE 18 MARS

C’est le 18 mars que M. Thiers envoya quelques régiments de ligne pour opérer le désarmement des « fédérés » de la Garde nationale. Ces troupes étaient commandées par le général Lecomte ; sans rencontrer de résistance, elles s’emparèrent d’abord de quelques canons ; les gens du quartier s’étaient groupés autour des soldats et laissaient faire, comme stupéfiés d’abord ; mais la foule