Page:Vanloo, Sur le plateau.djvu/165

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— Je n’ai même pas eu le temps de lire. Aussitôt après votre visite, M. Montigny est entré dans mon bureau. Il a vu votre manuscrit dont le titre l’a fait sourire, il l’a pris et l’a emporté avec lui à la campagne, en même temps que d’autres qu’il veut examiner pour le prochain spectacle coupé qu’il doit m’envoyer de là-bas. Je ne serais pas étonné que vous soyez choisis.

Mis en espoir par ces paroles du bon Derval, nous ne laissions pas s’écouler une semaine sans venir aux nouvelles. La première fois, Montigny avait envoyé une pièce à mettre en répétitions, puis une autre, puis une troisième. Mais la quatrième n’arrivait toujours pas ! Évidemment, il y avait quelque chose là-dessous.

— Je le connais, nous répétait Derval. S’il ne devait pas vous jouer, il y a longtemps qu’il vous aurait rendu votre manuscrit.

Enfin, un jour, il nous fit savoir que le directeur était rentré à Paris et voulait nous voir. Je ne m’étais pas encore trouvé en présence de Montigny et, au premier abord, son aspect n’avait rien de très engageant. C’était alors un homme d’une soixantaine d’années, grand, massif, bien droit, avec un collier de barbe blanche et drue et un air de sérieux et d’autorité devant lequel on restait intimidé. Mais cette autorité était douce et posée et, dès qu’il vous adressait la