Page:Variétés Tome I.djvu/126

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sçay quelle science noire et cabalistique, qui ne consiste qu’en certains caractères, figures, cernes, ablutions, sacrifices, invocations, suffumigations, croix doubles, usurpation des noms divins, en sorte que les advancez en cette escolle diabolique se pensent des petits dieux, et veulent tenir tout le monde en bransle souz leur baguette magicienne, ne s’appercevant pas, les miserables, que tous ces prodiges executez par les demons à leur commandement, ne sont que des singeries et des trompeurs appas pour leur faire avaller l’hameçon infernal.

Combien de curieux ont fait naufrage en cette mer perilleuse ! combien d’Absirtes ont senty les griffes de cette Medée ! combien de Grecs empoisonnez du gasteau de cette Circé ! Un Zoroastre, un Porphyre, un Hydrootès, un Apulée, un Agripe, un Thianée, un Arbatel, et autres de telle farine, sçavent bien maintenant, cruciez des fiames eternelles, combien frivolles et ridicules sont les dogmes de cette maudite science !

L’Egypte, l’Arrabie et la Caldée, furent seules jadis contagiées de ceste peste ; mais aujourd’huy ce venin pullule par toute la terre habitable : le diable a rompu ses liens, l’enfer est ouvert, et nos crimes sont montez à tel point, que l’univers des-jà semble crouller ses fondemens, et ne faisons plus qu’attendre le feu vengeur du ciel pour renouveller les elements et purger les mortels dans la fournaise de l’ire de Dieu.

Que sont, je vous prie, tous ces devins, aruspices, magiciens, cabalistes, triacleurs, charlatans, maistres-mires et autres desesperez, sinon precurseurs