Page:Variétés Tome I.djvu/184

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obstinez, fermans les oreilles à toutes les propositions, douces et aigres, mesmes retenans par force les princes, seigneurs et gentilz hommes du pays qui pour lors se trouvèrent en leur ville, disans que puisqu’il alloit en ce faict de la conservation de leurs priviléges, il falloit qu’ils les assistassent, ayans aussi semond, non seulement les autres villes d’Arragon d’entrer avec eux en la dicte deffence, mais aussi le royaume de Valence et de la Cathalogne, qui jouyssent des mesmes droits qu’eux, lesquels toutesfois les ont abandonnez en leur mauvaise cause, que Sa Majesté a esté contraincte, pour reprimer telles insolences, de faire tourner la teste à une armée de dix mil hommes de pied et deux mil cinq cens chevaux (tous Espaignolz)12 qui avoient esté levez l’esté passé pour nostre secours13, comme je peux le vous avoir cy devant escript, de ce costé là, à laquelle ils se sont voulu opposer, ayans créé d’entre eux par force un pour leur chef14 (s’estans ceux que j’ay dict cy-dessus avoir esté retenus, sauvez de di-


12. M. Mignet ne dit que « six mille hommes de pied et quinze cents hommes de cavalerie légère. » Antonio Perez et Philippe II, 1re édit., pag. 199. Quand il dit tous Espaignolz, l’auteur de la lettre veut dire tous Castillans.

13. M. Mignet ne parle pas de cette première destination de l’armée de Philippe II.

14. « Les membres de la députation permanente et les cinq juges de la cour suprême avoient proclamé la légalité et la nécessité de la défense, prescrit la formation d’une armée, nommé le grand justicier pour la commander, conformément à sa charge, et désigné don Martin de la Nuza pour lui servir de mestre de camp. » Mignet, pag. 198.