Page:Variétés Tome I.djvu/191

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dant ledit Forget au geollier, qui luy dit qu’ayant esté emprisonné en vertu d’un decret decerné dudit baillif, il ne le pouvoit mettre dehors sans son ordre. Ce refus ne plust audit Amand, qui voulust en mesme temps se saisir des clefs desdites prisons, à quoy il trouva de la resistance ; ce qui l’obligea de sortir, et demeura toute la nuict avec ses gens armez au devant et ès environs desdites prisons, qu’il entreprist diverses fois de forcer, sous pretexte d’y amener quelque prisonnier. Mais la courageuse resolution du geollier fist avorter ce dessein trop hardy. Amand se vit par là obligé de se retirer le lendemain dimanche, 25 dudit mois, par devers ledit baillif, qui luy bailla volontairement ou de force, sans appeler la partie et contre tout ordre de justice, l’eslargissement dudit Forget6, se contentant seulement d’en faire charger ledit Amand, lequel ne manqua pas de l’aller aussitost faire sortir. Ledit Forget, parmy la joye de sa delivrance, ne put dissimuler le ressentiment de son indignation ; il dit plusieurs fois, jurant et blasphemant le sainct nom de Dieu, qu’il tueroit ledit Bourgeois. Ceux de sa compagnie en dirent autant, et entre eux le nommé Macret, qui passa outre, disant que, s’il ne se trouvoit personne qui voulust faire le coup, luy-mesme le feroit de son mousqueton. Et enfin l’adieu dudit Forget au geollier et à sa femme et autres fut que



6. M. Moreau dit que l’ordre de relâcher le fripier Forget fut donné par le prévôt des marchands, Broussel, à qui Amand et les autres s’étoient adressés. Bibliog. des Mazarinades, nº 2997.