Page:Variétés Tome I.djvu/208

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— Allez, allez, on vous le fera manger sans peler ; sortez de l’audiance, et laissez plaider les autres. Appelez, huissier.

— Carré ! Carré ! si vous estes de sens rassis, plaidez.

— Monsieur le lieutenant, en ceste cause il est question d’un point de droict pour sçavoir si un enfant doit estre meilleur que son père. Il y en a un qui est à present prisonnier pour avoir, en continuant ses debauches, espousé une femme contre le gré de son père ; si elle est garse, je ne m’en suis pas informé ; si elle est legitime, encore moins. Quoyque s’en soit, le père, qui est de grande alliance, tonne, crie, tempeste, arrache, frappe, consulte, court, employe ses amis, parle mal de son fils, bref, fait retentir la cour du peché de sa maison ; cependant je demande l’eslargissement du fils.

— Carré, plaidez une autre cause : celle-là merite d’estre appointée au conseil. On plaide à huis-clos, car je trouve en nostre code une loy qui dict :

Sæpe patri filius similis esse solet,

qu’il faut expliquer en compagnie.

— Cependant, monsieur le lieutenant, je demande acte de mon emprisonnement, pour me servir lorsque je brigueray l’eschevinage.

— « Acte est joinct au principal pour estre faict droit conjointement. »

Appelez un autre.

— Mauclerc ! Mauclerc ! plaidez, et vous souvenez du temps passé pour estre sage.

— Monsieur le lieutenant, je plaide pour les pè-