Page:Variétés Tome I.djvu/221

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vous demande, monsieur le juge, à qui je m’en prendré.

— Concluez, procureur.

— Monsieur le lieutenant, je ne sçay contre qui, car, si je conclus contre Mont-d’Or, il dira : J’ai permission ; si contre le bailly du Palais, vous n’avez point de justice sur luy ; si contre nos maris pour avoir quitté leur boutique, je parlerois contre moy. Je suis bien empesché : concluez pour moy.

— Escrivez, greffier :

« Il est deffendu à tous ceux qui seront gratez à telles assemblées, specialement le vendredy, de se venir plaindre ; permis à ceux qui iront de mourir de faim à faute de travailler, et sans despens. »

Appelez un autre.

— Deschamps ! Deschamps ! on a retranché vostre ordinaire, et reduict à deux lots par repas.

— Monsieur le lieutenant, je plaide pour une honneste femme qui est de la paroisse S.-Paul, ayant soixante et deux ans pour le moins, et qui a toutes les babines usées à force de dire son chappellet, qui est tousjours en trance, plaine d’inquietude à cause d’une fille qu’elle a qui va souvent aux cours se promener avec les financiers et la noblesse, et qui va entendre une petite messe à l’Ave-Maria pour deviser plus à son aise ; la pauvre mère a beau luy faire des remontrances au vieux loup, et mesme, pour tascher à corriger sa fille, elle norit un petit


alors pour désigner les voleurs, Études de philologie comparée sur l’argot, par M. Francisque Michel.