Page:Variétés Tome I.djvu/286

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Moi, qui ne connois point la tristesse et l’ennuy,
Je pretens m’eriger en petit Democrite.
Pour mon seul divertissement,
Et sans craindre aucune censure,
Je veux, cher Bergerac, conter fidellement
Ta facetieuse avanture ;
Mais, pour le faire plaisamment,
Infuse-moy dans ce moment
Quatre onces d’esprit vif, cinq dragmes de manie,
Dix grains de folatre genie,
Et tu vas voir, feu Bergerac,
Que mon affaire est dans le sac.
Ma foy, je sens dejà que ton esprit m’inspire,
Je sens qu’il me force de dire
Ce que de ton vivant tu souhaitois ecrire.
Sans ta mort, dont je suis faché,
Tu nous aurois peint Brioché,
Son singe, ses marionnettes,
Et chanté là-dessus cent plaisantes sornettes ;
Mais, puisque ton esprit s’est infusé chez moy,

L’ouvrage que je donne est moins à moy qu’à toy.



parut une autre, celle-là même dont nous suivons le texte, d’après l’exemplaire qui a appartenu à Ch. Nodier, et que M. Le Roux de Lincy, son possesseur actuel, a bien voulu nous communiquer. M. Ch. Magnin parle d’une troisième édition, donnée en 1707, et d’une autre parue de nos jours, aussi d’après celle de 1704.