Page:Variétés Tome I.djvu/300

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de nos guerres civiles qu’il estoit homme resolu et de courage, de façon que, s’amusant plustost à remuer le fer parmy le gros des ennemis, où sa valeur le conduisoit, que au pillage, comme font coustumierement les ames casanières, ses esperances l’ont trompé à fin, qui luy promettoient un orage perpetuel


du sobriquet qu’il prit. Dans les légendes poitevines, saintongeoises et vendéennes, il existoit, bien avant le temps de Guillery, un type de chasseur ou de brigand nocturne connu sous le nom, presque semblable, de Guallery. On appeloit Chasse Guallery ses courses dans les bois, après lesquelles on trouvoit toujours quelque cadavre au fond des taillis. Plusieurs ballades furent faites sur Guallery et sa chasse. M. Fillon (p. 27–30) en cite une qu’il entendit chanter à Saint-Cyr en Talmondois, et dans laquelle Guallery, déjà moins redouté, est mis en scène, non pas tant comme un chasseur d’hommes que comme un dépisteur habile de lièvres et de perdrix. Son nom, toutefois, au commencement du dix-septième siècle, devoit avoir encore gardé tout son sinistre caractère, et il n’est pas étonnant que le noble Breton, se faisant bandit, voulût en prendre un qui le rappelât, et se donnât celui de Guilleri. Il en résulta entre les deux personnages une confusion inévitable, et dans laquelle on est surtout tombé au sujet de la chanson si populaire encore, surtout en Saintonge, avec ce refrain : Toto carabo, compère Guilleri. On pense qu’il s’agit de Guilleri le brigand ; mais M. Fillon prouve fort bien qu’il doit être question de Guallery le chasseur fantastique, puisque trente ans avant l’arrivée du bandit dans le Bas-Poitou, on avoit imprimé une plaquette anonyme intitulée : Le vray pourtraict du Huguenot, MDLXXIX, petit in-8, 12 pages, ou se trouve, page 7, cette allusion à l’un des épisodes de la chanson : « Comme Guallery, ils se casseront la jambe, si mieux n’aiment le col. »