Page:Variétés Tome I.djvu/323

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les femmes sont tousjours jalouses de leur mary, et ne veulent point qu’on rie à personne ; il faut contrefaire quelquefois la bigotte et la rechignée et la fascheuse. Et davantage, voici le caresme qui est fort bas, les vivres seront grandement chers ; il faut que ce caresme-ci vous en vaille deux, et bien faire valoir et cheminer l’ance du panier ; il faut que sept semaines vous vaillent une année et demie.

Sur ce propos finy, une grosse citroüille de servante, qui demeure chez un marichal : Je ne suis point apprentie de ferrer la mule ; il y a quatre ans et demy que je demeure où je suis ; au bout de trois semaines, j’estois aussi sçavante que ma maistresse, qui est mariée il y a dix-huict ans, car mon maistre battoit sur mon enclume, et moy je levois les soufflets, et ay bien gaigné huict cens cinquante livres.

Après, une petite servante de la rue Saint-Honoré : Je suis chez un notaire ; je ne gaigne que treze escus ; je vais à la halle, à la boucherie, et ne rend point compte qu’à mon maistre, qui est assez jovial3 ; et ma maistresse, qui est toute devote, elle ne bouge de ces religions ; je fais ce que je veux :


3. Les facéties du temps faites à propos des chambrières reviennent toujours sur ces accointances des maîtres avec leurs servantes. Lisez, par exemple, le Banquet des chambrières fait aux estuves le jeudi gras :

Un jour Monsieur descendoit à la cave
Avecque moy, qui suis sa chambrière,
Lequel, marchant dessus ma robe brave,
Sur les degrez me fit choir en arrière, etc.