Page:Variétés Tome I.djvu/325

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car l’argent vient en dormant. Faisant un jour feinte de nettoyer les souliers de nos garçons, il y en eut un qui me vint accoster et qui me donna six pièces de trèze sols pour decroter ses chausses, et il me decrota ma cotte à la mode du pays du Mans.

Une autre de la rue au Fer, qui a les pasles couleurs : Je suis la plus heureuse, dit-elle, de tout Paris : car j’ay un maistre le plus beau garçon de tout Paris ; mais il est un peu chiche. Mais quand il est en bonne humeur, il y a moyen que de l’avoir, si ce n’estoit les voisins qui le gastent ; car l’année passée je perdy mon demy-ceing d’argent7, et en trois semaines j’en gaignay un autre.

Vraiment, se dit une petite blonde de la rüe Sainct-Denys, j’ay eu un demy-ceing de vingt-deux escus qui ne m’a servy que six mois. Allant à la foire Sainct-


finesses decouvertes sur les chambrières de ce temps, Babeau aux yeux friands :

. . . . . . . . . . . . . J’ai du porc frais,
Une andouille et quatre saucisses,
Que malgré nos maistresses chiches
Mangerons. As-tu rien, Perrette ?

V. aussi les Doux entretiens des bonnes compagnies, 1634, in-12,chanson 57.

7. Demi-ceinture ou boucle d’argent, joyau très recherché des chambrières : leur ambition ne va pas au delà. « Quand nous avions servy sept ou huict ans, dit l’une d’elles dans le Caquet de l’Accouchée, 1622, in-8, p. 9, et que nous avions amassé un demy-ceint d’argent et cent escus comptant, tant à servir qu’à ferrer la mule, nous trouvions un bon officier sergent en mariage ou un bon marchand mercier. » Peut-être ce demy-ceint étoit-il un supplément de gage qu’on don-