Page:Variétés Tome I.djvu/329

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l’ay pas veu depuis ; mais j’atrapay finement un des garçons de nos voisins, qui a eu l’enfant, et moy quarante escus, et depuis j’en ay eu un autre, que je n’ay pas faict à si bon marché, car, un venerable savetier me faisant l’amour, il a esté le PAPA ; toutefois je suis assez bien pourveüe. Je prie Dieu, mes sœurs, de vous faire bien valoir, et de faire vos affaires finement, car voicy le temps qui calamite, et qui faict bon avoir quelque chose, car les filles ne sont plus recherchées pour leurs beautez ; si elles n’ont des pistolles, il faut qu’elles soient long-temps à marier. Sur ces antretiens dix heures sonnèrent. Il fallut que chacune courust vitement à la Halle, et de là apprester à disner. Dame Lubine, grandement satisfaite d’une si très auguste compagnie, commence à pleurer de joye d’avoir de si bonnes apprentisses, et bien dressées à faire dancer l’ance du panier, car la plus moindre estoit capable de devenir maistresse.


11. Même plainte, et plus vive encore, dans le Caquet de l’accouchée, à l’endroit cité tout-à-l’heure : « À present, pour nostre argent, nous ne pouvons avoir qu’un cocher ou un palfrenier, qui nous fait trois ou quatre enfans d’arrache-pied, puis, ne les pouvant plus nourrir pour le peu de gain qu’ils font, sommes contraintes de nous en aller resservir, comme devant, ou de demander l’aumône ; on ne voit autre chose par les ruës. »