Page:Variétés Tome I.djvu/334

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voyant et craignant tout ensemble les disputes qui pourroient survenir pour les presceances entre l’ambassadeur de l’empereur, qui devoit arriver le lendemain, et celuy du grand-seigneur, et jugeant aussi qu’à cause du grand nombre de gens qu’avoit amené le bacha il ne pouvoit plus longtemps sejourner sans beaucoup d’incommodité, il se servit de ceste ruse admirable pour le renvoyer honnestement sans lui deplaire, qui fut qu’il l’asseura avoir apris par un courrier exprès que sa maistresse estoit malade de la petite-verolle, et que pour ce sujet il l’alloit trouver, comme le devoir l’y obligeoit, de telle sorte que, ne sçachant pas l’heure certaine de son retour, il luy conseilloit de s’en retourner trouver son masitre ; ce qui fut aussitost executé que resolu : car le bacha s’en retourna le lendemain ; et la prompte arrivée de la princesse, et son visage aussi frais qu’à l’ordinaire, montrèrent bien que c’estoit bien par consideration d’estat que le prince de Transilvanie avoit ainsi congedié le bacha.

Le lendemain de ce departement, les ambassadeurs de l’empereur, de son fils, esleu nouvellement roy d’Hongrie3, de l’électeur et du duc de Bavière, accompagnez de cinq cens chevaux beaux et lestes, au devant desquels le prince envoya six carrosses et un regiment de deux mille Poulonnois à


3. À peu d’années de la, Bethlem Gabor, en guerre avec l’empereur Ferdinand II, et agissant de concert avec les troupes ottomanes, devoit, après une heureuse campagne, prendre pour lui-même ce titre de roi de Hongrie ; mais il l’abdiqua bientôt, se contentant de garder ses conquêtes.