Page:Variétés Tome I.djvu/338

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quant et n’en faisant point d’estat. Pendant ce temps là, c’estoit à qui inventeroit de nouveaux passetemps pour honorer le triomphe de ce mariage. Le jour on voyoit force courses de bagues, combats à la barrière, et autres exercices que la noblesse allemande est curieuse de venir apprendre en France ; le soir, on prenoit plaisir à voir toutes sortes de feux d’artifices, danses et jeux, dont chacun se divertissoit selon son inclination.

Le second jour de ceste resjoyssance fut dansé un balet par quelques seigneurs Allemans, qui fut fort approuvé et trouvé beau generalement de tous ceux qui le virent, hormis des Hongrois, qui, comme ignorans en semblables gentillesses, le trouvèrent fort extravagant. Le mesme jour, sur le soir, où l’on voyoit rompre le bas à quelques cavaliers, le boufon du prince en défia un autre, par galenterie, à faire cest exercice ; mais il en devint si bon maître qu’il mourut le lendemain, d’un esclat de sa lance qui luy donna dans l’œil.

Le jour suyvant, le prince donna à sa femme quantité de pierreries, belles par excellence, jusques à la valeur de deux cens mil richedales, et ce qui est à remarquer, c’est qu’encores qu’il n’y eust aucuns ambassadeurs de France, d’Espagne, d’Angleterre, de Venise, ny de quantitez d’autres royaumes, seigneuries et republiques, et y estant convyez toutesfois, la valeur des presens que l’on a envoyé s’est montrée deux fois plus grande que la despense de toute ceste magnificence.

Tant de pompes cessées, et l’esprit du prince appelé ailleurs, l’oblige à s’en retourner en Transylvanie.