Page:Variétés Tome I.djvu/34

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abandonnant le culte qu’ils doivent au service divin du Tout-Puissant, sacrifient et dressent des autels tous les jours et des vœux aux faux dieux des anciens payens, Junon et Venus, c’est-à-dire aux honneurs, aux richesses et aux plaisirs, et enfin (pour s’estre desmunis de l’assistance du grand Dieu et du bon ange gardien que sa divine Majesté a gardée à chacune de leurs ames à l’instant de leur création) se laissent attirer dans les precipices de magie par une allechante friandise de pouvoir par dessus la nature mesme, de se faire aimer, de se venger, et nuire aux ennemis, car c’est ce qui les incite à ce damnable mestier. Joint que cest imposteur Sathan ne manque de leur promettre qu’ils feront miracles, et à la parfin, après qu’ils se sont empestrés avec ce maudit et cauteleux serpent, et à l’heure qu’ils le servent le mieux, c’est alors que ce pervers ouvrier d’iniquitez vient à les posseder ou estrangler. Voilà la recompence que Dieu donne à ces esprits maniaques qui ont renié sa puissance pour se faire cognoistre à eux par les effets du ministre de sa haute justice, à la puissance duquel (quand Dieu lui lasche la bride) il n’est rien de comparable sur la terre, comme dit Job. La preuve de cecy se peut clairement faire par deux petites histoires autant admirables et espouvantables en leur esvenement que pleines d’impieté et irreligion en leur subject. J’ai toutefois horreur de prendre, ô miserable, malheureuse et desreglée meschanceté ! ô effrontée et intolerable volupté ! ce tesmoignage entre les chrestiens, et de voir ceste peste de magie, non seullement condempnée par les loix divines et humaines, mais encore abhorrée et