Page:Variétés Tome I.djvu/342

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cet enfant, cet insigne voleur, ce grand detrousseur des ames, ce brigand renommé quy s’enrichit des depouilles d’autruy et qui endommage indifferemment tout ce qu’il rencontre, fera voir, par ce moyen, vos charmantes faintises, lesquels, par les moyens cy-après specifiez, penseront avoir quelques belle nymphe amadriade, auront le plus souvent la mère des dieux : et pour ce faire, chères compaignes, vous serez adverties et advertirez celles à qui nature n’a tant donné de perfection, qu’il est necessaire pour jouer au reversis, et qui plus souvent, par faute d’intelligence, demeure cazanière, gratant les cendres à leur foyer ; c’est doncques à elles à qui ces preceptes pourront être utiles et necessaires ; est qui s’ensuit.

Premierement, celles qui, par faute de devotion, n’auront jeûné le caresme souvent, et qui auront la face grosse et grasse, ce qui est fort mal séant d’être comme des mamulères, elles y pourront obvier et se faire paroistre poupines1, moyennant qu’elles portent leurs fraises et collet plus grands et plus larges que d’ordinaire, et aussi leur coiffeure comme leur perrucque et moulle estroits ; et pour l’ornement d’icelles, il est nécessaire, si leurs propres cheveux ne sont ni beaux ni longs, elles auront recours aux fausses perruques2, lesquelles, etant bien agensées de roses de diverses couleurs et des plus voyantes,


1. Être poupin, c’étoit avoir le visage et la taille mignonne.

2. On voit bien ici que c’est une Angloise qui parle. L’usage des faux cheveux, peu à peu délaissé en France, depuis l’époque où Guil. Coquillard en avoit parlé, ne s’étoit jamais