Page:Variétés Tome I.djvu/36

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non seulement tonné dans les airs, mais estonné toute la France par les effects extraordinaires de sa magie, qui avoit tousjours en sa bouche ce que disoit un ancien magicien :

Je suis necromancien qui, par ma necromance,
Faits fleschir quand je veux souz moy toute puissance ;
Je faits trembler la terre et mouvoir les cieux ;
Il pleut, il grêle, il vente, alors que je le veux.

Et pouvoit aussi dire ce que Petronius Arbiter faisoit dire à sa sorcière Énothée :

Tout ce que tu peux voir dessouz le ciel doré,
Au desir de ma voix est tousjours preparé ;
Par mes charmes j’attire en ce monde la Lune,
Et tiens dessouz mes loys les Dieux et la fortune.

Ces merveilles ne sont pas difficiles à croyre, car il avoit un esprit familier qui s’appeloit Sophocles, lequel parloit à luy à toute heure et en toute compagnie ; et faire eslever des nuées noires, arracher le feu, la gelée, l’orage, la foudre, troubler les elements, ce sont jeux de Sathan. Les petits enfants aux païs septentrionaux font à milliers de ces tours pour plaisir. Tout cela n’estoit que des moindres traitz de son mestier. C’est luy qui avoit predit la mort de


soit-il, faire voir le Diable dans une cave où cinq ou six coquins charbonnés me viendront peut-être bien étriller. Je le veux voir dans la plaine Saint-Denis. » — Le vrai nom de ce César étoit Jean du Chastel, voy. le baron de Fæneste, édit. Jannet, p. 112. Comme si ce n’étoit pas assez de ces deux noms, Jean de Lannel, qui parle longuement de lui dans son Roman satirique, p. 1105, l’appelle Perditor. V. l’abbé d’Artigny, Nouv. Mém. de litt., VI, p. 44–47.