Page:Variétés Tome I.djvu/40

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homme ayt esté si aveuglé que de se laisser charmer les sens par ces appas magiques, et que des grands aient de telles personnes en leurs maisons, qu’ils n’en facent ce que dict Philon Juif au traicté des lois particulières, qui dict qu’aussi tost que nous apercevons des serpants, des scorpions ou autres bestes venimeuses, nous les tuons auparavant qu’elles mordent ou blessent ! Ainsy se faut-il promptement defaire des sorciers empoisonneurs, qui mettent leurs soins à changer la nature, douce, sociable et raisonnable, au naturel sauvage des bestes cruelles, n’ayant plaisir qu’à mal faire à tout le monde. Je n’ay jamais ouy dire qu’il eust faict aucune meschanceté, sinon qu’il estoit grand astrologue, qu’il se mesloit de predire les choses à venir8, et qu’il s’entendoit fort à faire des horoscopes, qui est astrologie judiciaire, du tout contraire à sa profession et tant condamnée par Hieremie, qui dict : Ne craignez pas que les signes du ciel puissent quelque chose contre vous, comme font les Gentils ; ce sont toutes inventions vaines. Et par la bouche de Dieu mesme, qui profère ces mots dans Job : Te voudrois-tu bien vanter de connoistre l’ordre du ciel, et serois-tu bien si hardy d’en appliquer les raison ou bien d’en faire là-bas des supputations en terre ? Horace mesme, seulement esclairé de la lumière de nature et non de la cognoissance du vrai Dieu, resprouve ceste precognoissance des Dieux choses futures quand il dict :

Ne veuille rechercher ce qui doit demain estre.



8. À partir de 1604, Ruggieri publia, dit-on, un almanach chaque année.