Page:Variétés Tome I.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

façon des chimistes et soufleurs, en voulant purifier et rendre ceste matière plus excellente, elle se précipita et devint plus lourde et terrestre, et de ceste estoffe ils en formèrent la femme, beaucoup plus stupide et grossière que l’homme, et qui n’a rien de viril que ce que l’homme luy en fournit.

Il restoit encor quelque peu d’escume de la femme, dont les dieux, pour ne rien perdre, natura enim non facit frustra, bastirent et façonnèrent de petits avortons de nature, qui furent appelez pigmées ou nains, et des singes, leurs demi-frères.

De façon que l’homme est mitoyen entre les dieux et la femme, et ainsi la femme tient le milieu de l’homme et des pigmées et singes, qui ne leur ressemblent point trop mal.

Et ainsi on peut dire que les dieux, voulans former les femmes, prirent un peu de la nature et raison de l’homme, un peu des pigmées et de leur essence, et le reste ils le tirèrent des singes ; et, de fait, on remarque plusieurs indices des singes qui se retrouvent en la femme. De là vient que les femmes sont ordinairement plus petites que les hommes, qu’elles se veulent mesler de tout faire et manier tout, et le plus souvent les hommes ne s’en apperçoivent qu’après que la besogne est faite. Les femmes, recognoissant de leur costé que de leur escume avoit esté fait et procreé le singe, animal assez plaisant, et voyant qu’elles estoient nées en ce monde pour servir de singe aux hommes et leur complaire, s’estudièrent de là en avant de proceder de bien en mieux, et, par un artifice nouveau, alambiquèrent la quintescence des singes, que nous apellons sin-